JR, la photo dans l’espace public

À travers ses œuvres, l’artiste urbain JR parvient à observer sous un angle engagé des problématiques qui ont été particulièrement mises en exergue – ou, au contraire, insuffisamment – ces dernières années dans l’espace publique. L’image ou, plus précisément, le collage photo, est le canal privilégié par l’artiste.

La démarche originale de JR se fonde sur la démocratisation de l’art à destination de celles et ceux pour qui musées, galeries, expos, etc. demeurent inaccessibles. C’est faire sortir l’art du carcan élitiste de lieux lui étant habituellement dédiés.

En outre, il recourt au concours des spectateurs qui deviennent de facto acteurs du processus créatif. En effet, si le rendu est essentiel, la manière dont est réalisée l’œuvre l’est tout autant. En ce sens, la dimension collective est admirablement pensée. Elle se développe avec les populations locales où les productions artistiques trouvent leur place. JR, après avoir laissé germer une idée, s’enfonce dans l’anonymat pour mieux laisser les participants s’emparer du projet.

Ayant débuté son parcours dans la région parisienne qui le vit naître en 1983, JR a ensuite été porté par son travail aux quatre coins du monde – au Kenya, aux États-Unis, au Brésil, etc.

Parmi les problématiques généralement traitées par l’artiste, la problématique migratoire. Vues comme des criminelles potentielles, les personnes migrantes sont quasi systématiquement dénigrées. Avec toutes les dérives sous-jacentes qu’une telle suspicion engendre.

Dans ces conditions, JR rend toute leur humanité à ces personnes, la plupart du temps, fuyant des conditions d’existence devenues impossibles à soutenir. Son travail consiste à déjouer le piège des stéréotypes véhiculés. Et, sans doute plus encore, à dépasser la réalité statistique liée à l’arrivée de ces gens dans un pays nouveau. Il s’agit pour lui de montrer pour chacune d’entre elles son histoire, son parcours, ses rêves , etc. Exposer les visages des primo-arrivants, grossis, dévoilant les sentiments qui traversent les esprits qui les portent.

Toujours sur cette thématique, il peut également aller plus loin. En démontrant l’absurdité, voire l’inanité, liée à certaines décisions politiques. Sa création la plus fameuse étant peut-être l’image géante d’un enfant mexicain, Kikito, surplombant le mur séparant États-Unis et Mexique bâti par le Président Donald Trump. Création comme toujours réalisée avec l’aide des habitants locaux – en l’occurrence de Tecate, non loin de Tijuana. À la suite de cette réalisation a été organisé un piquenique où des gens se réunissaient de part et d’autre illustrant le non-sens de séparer des gens pourtant si proches.

Si la démarche de JR n’est pas à proprement parler subversive – c’est d’ailleurs une critique qui lui est adressée, dans la mesure où il « légalise » une forme d’art qui, initialement, est clandestine –, elle permet de visibiliser des thèmes et des gens qui soit sont purement et simplement ignorés, soit que l’on cherche à placer dans les oubliettes de l’actualité.

Pour découvrir davantage l’œuvre de JR, son site web : https://www.jr-art.net/fr/