L’indignation n’a pas d’âge, l’engagement non plus !

S’il existe une excuse que l’on entend souvent pour ne pas s’engager, c’est bien celle de l’âge : « Je suis trop jeune pour comprendre » ; « Je suis trop vieux pour ça » ; « Ce n’est plus (ou pas) de monde âge » ; « C’est pour les vieux tout ça » ; « Pas le temps, à mon âge, on a d’autres choses à faire » ; « J’ai fait mon temps. Maintenant c’est aux jeunes de bouger » ; etc. Pourtant, l’âge n’est pas un critère d’exclusion. Il n’y a pas d’âge pour agir !

Les actions militantes sont perçues comme des parcours du combattant, des activités pour les jeunes révoltés. Comme si une fois qu’on vieillissait, on perdait notre capacité à s’indigner, à militer, à s’exprimer et à se mouvoir. Le prétexte du physique des personnes âgées est fréquemment mis en avant. Impossible de marcher trop longtemps lors d’une manifestation. Impossible même de rester debout trop longtemps. Encore moins d’escalader un gratte-ciel à 85 ans pour y accrocher une bannière de Greenpeace. Mais il ne faut jamais oublier qu’en fonction de nos aptitudes, de nos envies et de nos ressources, il existe différents moyens d’agir. Une majorité d’actions ne nécessite d’ailleurs que très peu d’efforts physiques. Il suffit parfois de s’asseoir au bon endroit, de signer une pétition, de témoigner oralement, d’écrire une lettre ou de relayer des infos sur internet.

Nous n’avons pas besoin d’être de grands sportifs, des intellectuels renommés ou des militants nés pour s’engager. La colère ou le désir ne sont pas réservés à un âge en particulier. Il n’y a pas non plus nécessairement besoin d’être âgé pour être intelligent et sage, d’être jeune pour être créatif et sportif. Il suffit de voir avec quelle force ce britannique de 101 ans a couru le marathon d’Hong Kong. 10 kilomètre en 1h32, même certains jeunes n’y arriveraient pas. Il suffit de voir ce jeune néerlandais de 21 ans qui a inventé une technique ingénieuse pour nettoyer les océans dont on a trop peu entendu parler. Certains ingénieurs plus expérimentés n’y ont pas pensé. L’engagement et la militance pour une cause ne nécessite donc pas d’être jeune et enflammé ou âgé et compétent. Seul l’engouement compte.

À l’image des Gilets Jaunes en France, de la manifestation pour le droit des femmes en Espagne, des marches pour le climat partout dans le monde, du mouvement des sardines, des protestations à Hong-Kong, il n’y a pas de minimum ou de limites d’âge pour participer aux manifestations et aux rassemblements publics. La nuit, les jeunes dorment sur les places, le jour, les parents et les grands-parents viennent les soutenir. De très jeunes étudiants affichent des pancartes « save the planet », « there is not planet b », « be a part of the solution, not part of the pollution » lors des marches pour le climat, alors que des pensionnés et syndicalistes espagnols dansent sur la place Sol à Madrid pour leurs pensions ou que des grands-mères tiennent des pancartes lors de la marche pour le droit des femmes le 8 mars à Madrid. D’un côté des jeunes se battent contre la détérioration de leur avenir, de l’autre des grands-parents s’indignent de l’austérité qui détruit tous les conquis sociaux qu’ils ont mis des années à arracher.

Briser les codes, dépasser les préjugés, oser la contradiction et créer l’étonnement, voilà ce qui devrait conduire chaque militante et militant. Des jeunes esprits dans des corps âgés et des corps très jeunes aux pensées sérieuses, il n’y a pas de règles. Par exemple, de nombreux citoyens s’offusquent de l’art urbain, des graffitis et des tags engagés qui sont pour eux l’œuvre de jeunes délinquants (sauf quand il s’agit de Bansky). Encore une fois casser les clivages est un des meilleurs moyens d’exécuter une action avec brio. C’est ce qu’a fait cette personne de 86 ans en tagguant sur la banque nationale de Suisse à Berne son mécontentement quant aux fonds utilisés pour financer l’armement. Elle nous montre que l’action directe n’est pas une question d’âge. Elle a surpris tout le monde !